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Pourquoi les yeux fermés?

Dans mes cours, j’encourage les élèves à rester les yeux fermés, cela pour de multiples raisons:

  1. En fermant les yeux, on ramène plus facilement l’attention vers notre univers intérieur. Le monde visuel a alors moins d’emprise sur notre attention, il y a moins de distraction donc moins de risque de dispersion.
  2. Dans cet univers intérieur, on est plus porté à mieux écouter, tout d’abord les instructions, et ensuite notre ressenti et nos perceptions. Au début cela peut sembler comme un effort, mais avec une participation assidue aux cours, votre écoute et la traduction des instructions par votre corps se feront très naturellement.
  3. Quand il n’y a pas l’expérience de la vision, on peut vivre plus profondément la dimension des sensations, des sons, du goût et des parfums. C’est une dimension avec moins de contours nets. On a du mal par exemple à dessiner la limite exacte d’une sensation.
  4. Dans cette dimension, on constate plus facilement qu’au fur et à mesure que la séance de Yoga progresse, nos sensations évoluent, et sont tantôt intenses, parfois serrées, tantôt plus évaporées, et certaines auront même complètement disparues. On arrive alors à une dimension du corps plus transparente, moins opaque et matérielle, beaucoup plus douce et agréable. La croyance en l’existence d’un corps solide perd progressivement son adhérence sur nous.
  5. Plus cette écoute de notre intériorité s’approfondit, plus l’espace qui soutient toute la dimension sensorielle se révèle à nous comme un espace de calme et de silence, une tranquillité qui imprègne même ce qui est expérimenté au niveau sensoriel. Cet espace d’écoute est également vécu comme notre plus profonde intimité, notre espace de présence, une présence consciente.
  6. La pratique devra mener petit à petit à voir clairement en soi-même que ce qui change c’est la dimension sensorielle, que cette même dimension se déploie tout le temps en soi, cet espace de profond silence qui ne change pas. Fondamentalement nous restons en tant que l’absolu, ce qui ne change pas, mais en nous danse et vit tout le relatif, le jeu de la création qui est fait de « sentir, entendre, goûter, voir ».
  7. Quand cette révélation-compréhension est bien « acquise », l’assise dans notre soi est plus ancrée, et vient alors le moment de vivre cette compréhension les yeux ouverts. Ceci sera l’objet d’un autre article…:-)

A votre service,

Kamala

 

Poème de Juliette Viger

Inspirée de la retraite au Taillé avec Kamala en août 2017

Au domaine, je suis.

Mon ego, lui, est parti.
Assise au pied du pin qui me sourit,
Je tangue et laisse le vent me porter au sommet de la montagne.
 
De là haut, je contemple et te vois, toi.
Sans masque, ni artifice.
Éternel enfant qui dû grandir trop vite:
Comme moi tu te perds.
Comme moi tu te caches derrière ton nom.
Comme moi tu veux retrouver ta liberté.
Mais comme moi tu as en toi la clé qui ouvrira la porte
Et la force qui fera tomber les murs de ta forteresse imagée.
 
Dans l’absolu, je me baigne. Nue.
Sans corps, ni costumes, j’inspire, j’expire.
Cette paix enveloppante me prend dans ses bras.
Je reprends ma forme infinie, je rentre enfin chez moi.
Sache que je t’aime et que je crois en toi…
 
Et c’est dans ce doux chuchotement que la forêt et ses grillons me ramenèrent sur terre.
Au pied de mon pin, je baille, écoute, vois…
Mais une nouvelle présence se fait sentir. Légère.
J’entrouvre doucement ma main: la clé de ma conscience. Déposée, là.
Juliette Viger (julietteviger.co)